lundi 13 avril 2009

Dimanche 5 avril 2218

A peine levé je tentais d'allumer mon pc. Cela faisait six mois que je n'avais pas accès à Internet, ni moi ni 90% de la population mondiale. La raison? Le premier cyber attentat de l'histoire de l'humanité. Cela faisait plus de cent ans que le monde n'avait pas connu une attaque terroriste d'ampleur. Une fois de plus les agresseurs, un groupuscule neo-jihadiste, avaient su se montrer créatifs en détruisant les principaux serveurs informatiques, relativement facile d'accès, neutralisant ainsi presque intégralement le réseau.

En s'attaquant non pas à des cibles humaines mais à ce qui était devenu en deux siècles une partie intégrante de notre existence les terroristes avaient causé bien plus de victimes que n'importe quel autre attaque auparavant. La fiabilité du réseau avait permis que celui-ci prenne part aux activités les plus importantes de la vie des hommes si bien qu'en quelques minute l'humanité fut privée de communications, de médias, d'administration, de logistique. Les gens mourraient dans les hôpitaux, le réseau ne pouvant informer les soignants à temps, les services de secours, pompiers, privés du réseau téléphonique ne pouvait plus s'organiser ni intervenir à temps (cela faisait longtemps que l'on avait abandonné le réseau téléphonique commuté au profit de la VoIP). Le désordre avait bien évident provoqué nombre d'émeutes, la police ayant été elle aussi affaiblie. Enfin l'on ne comptait plus le nombre de suicides chez ceux dont les relations sociales reposaient entièrement sur le réseau. L'on dénombra ainsi plus de 10 000 morts des suites directes ou indirectes de l'absence d'internet. Il fallu six mois pour remettre en place un réseau fiable, stable et sécurisé.

Même si, comme tout le monde, ma vie a été grandement perturbée pendant cette période, j'estime n'avoir pas véritablement souffert de la situation. Pendant ces six mois où toutes les activités avaient été ralenties, j'en avais profité pour me remettre à la peinture, à l'écriture et surtout à la paresse. Il n'en reste pas moins que lorsque je découvris avec bonheur que le réseau avait été de nouveau rétabli – je n'ai jamais autant apprécié de voir du spam apparaître en allumant mon ordinateur – je me précipitais sur internet pour savoir plus précisément ce qu'il s'était passé.

La presse diffusait en boucle la vidéo de revendication des terroristes et le monde se rendit compte, à la surprise de tous, que Ben Laden était toujours vivant. Dès le début des années 2010 l'on avait annoncé sa mort après qu'il eût échappé à un nombre incalculable d'attaques dont il ressortait à chaque fois gravement blessé mais vivant, narguant les autorités par une vidéo avec à chaque fois une nouvelle partie de son corps remplacé par une prothèse. Ses généraux avaient finit par le remplacer devant la caméra et il fut acquis par tous qu'il avait enfin rendu son dernier souffle. Les services de sécurité du monde entier ne s'attendaient à le retrouver, en vie, et sous une forme toute aussi inattendue.

Ce n'était plus en effet cet homme au grand corps décharné qui était apparu dans la vidéo de revendication envoyée aux médias mais un exosquelette dont la seule preuve d'humanité était un cerveau relié à celui-ci et protégé par un épais verre blindé, comme dans un mauvais film de science fiction. Le bon goût n'était de toute façon pas la caractéristique du terrorisme. Bien évidemment les spéculations allaient bon train, comment Ben Laden avait il pu survivre tout ce temps? Comment avait-il pu avoir accès à la technologie des exosquelettes? Michael Moore fit remarquer que cet ancien modèle de prothèse était de technologie américaine et que la réapparition de Ben Laden au moment précis où le président américain rencontrait un certain nombre de difficultés politiques ne pouvait être fortuite.

Un certain nombre d'individus soupçonnés d'avoir participé à ce sabotage de grande ampleur furent arrêtés et l'on réfléchissait à la meilleure façon de les juger. Le problème, c'est que l'on ne pouvait les condamner pour autre chose que dégradation. L'on ne pouvait leur imputer la dépendance de la société à la technologie et son excès de confiance en celle-ci.

Il est amusant de penser qu'aux début de l'Internet, ces mêmes gouvernements qui réclamaient les peines les plus sévères à l'encontre des terroristes, avaient fait voter une loi interdisant l'accès au réseau à tous ceux qui téléchargeaient illégalement des fichiers. Ce fut paradoxalement ce qui consacra la gratuité des échanges numériques. Il se trouva en effet un certain nombre d'artistes, réalisateurs, musiciens pour manifester leur opposition à cette loi en autorisant officiellement que leurs œuvres soient échangées, téléchargées sans contrepartie si ce n'est d'avoir à écouter un message publicitaire en début de lecture. Leurs CD et DVD portaient un logo « Free To Share » qui empêchait de punir ce qui les diffusaient. En dépit de toutes les prévisions, les ventes de ces artistes n'en furent pas pénalisées, au contraire: les gens achetaient plus volontiers let la large diffusion des œuvres sur le net en facilitait la vente. Très vite le nombre d'artistes FTS augmenta tandis que ceux qui avaient choisi la protection de la loi continuaient de voir leur ventes décliner, le basculement du volume de téléchargement ne s'étant pas opéré sur les ventes. Il fallut moins de cinq ans pour que la pénalisation du téléchargement ne soit plus qu'un mauvais rêve...

mercredi 3 septembre 2008

Mercredi 03 septembre 2218

A peine levé, j'allumai mon pc. J'avais un peu trop mangé la veille si bien que, avant même d'avoir complètement émergé de mon sommeil, j'eus une furieuse envie d'aller aux toilettes. Je répondis à cette envie sans attendre, juste le temps de charger mon Ipaper des nouvelles du jour.

Faute de renouvellement, la vie politique était désespérément morne, les mêmes scénarios se rejouaient sempiternellement. Paradoxalement , le peuple était plutôt satisfait de cet état de fait, il savait que la prospérité était due davantage à la pilule qu'aux dirigeants du pays et, du moment qu'on ne la remettait pas en cause, il se fichait bien d'avoir l'un ou l'autre des deux principaux partis au pouvoir. Ainsi, les deux têtes de listes rivales, tous les duodécennats, s'échangeaient leurs rôles de dirigeant et de de leader de l'opposition.

Les débats étaient toujours les mêmes, comme celui de la peine de mort anticipée, appelée pudiquement peine de non prolongement de vie. La Droite et la Gauche s'opposaient traditionnellement sur la question: les délinquants doivent ils avoir accès à la pilule? Les premiers s'appuyaient sur le modèle américain qui interdisait la pilule aux auteurs de crimes de sang ainsi qu'aux pédophiles. La Gauche estimait, quant à elle, que tout homme devait avoir le choix de son temps de vie. Il n'y avait pas un foyer dans lequel le débat ne faisait pas rage. Il divisait les familles, les amis, les collègues de travail, car tout le monde savait que l'arrêt de la pilule signifiait une sénilité et une morte relativement rapides. L'on pouvait donc légitimement parler de peine de mort.

Le débat sur le prolongement de vie des délinquants avait pris énormément d'ampleur depuis les attentats de septembre 2101 qui avaient causé la mort de près de la moitié de la population de Washington et transformé la capitale fédérale de l'Union des Etats d'Amérique en no man's land où toute vie était désormais impossible. Les services de renseignement américains, forts de leur expérience de 2001 pensaient avoir tout prévu et tout vu: l'espace aériens était étroitement surveillé, tout avion s'écartant du plan de vol était systématiquement abattu, l'entrée sur le territoire américain était strictement limité et les accès aux zones dites à risques, la Maison Blanche, les centrales nucléaires et les centres urbains soigneusement contrôlés. Mais si la sécurité américaine disposait de moyens considérables, l'imagination des terroristes l'était malheureusement tout autant, ainsi que leur goût pour les anniversaires.

Le 11 septembre 2101, cent ans après les attentats du World Trade Center, ils disposèrent dans la ville de Washington des sources radioactives qui très vite contaminèrent une grande partie de la population. La méthode était moins télégénique mais tout aussi efficace. Il fallut plus d'une semaine aux autorités pour comprendre ce qui se passait. L'on pensa au début à une contamination de l'eau mais l'on se rendit compte par la suite que les plantes, le sol, l'air lui même, étaient devenus toxiques. Le temps que l'on trouve où les sources avaient été dissimulées, la moitié de la population avait déjà commencé à périr lentement, douloureusement. Le président avait été lui aussi touché, une des sources avait été enterrée non loin de la Maison Blanche. Les plus faibles et les plus exposés moururent dès les premiers jours de leucémies foudroyantes, les plus résistants entamèrent quant à eux, une longue agonie. Les scientifiques estimèrent à plus de trois siècles le temps qu'il faudrait pour que la radioactivité revienne à un niveau normal, ils prévoyaient aussi que pendant au moins cent ans des gens continueraient de mourir de leucémies ou de cancer, sans parler des conséquences sur les naissances et la croissance des enfants. Il fallait s'attendre aussi à un nombre beaucoup plus élevé de malformations et de fausses couches.

Washington fut déclarée ville morte. On recouvra la ville d'une structure de verre de plus de deux mètres d'épaisseur afin que le monde puisse contempler et se souvenir à jamais de l'horreur que le pays avait vécue. Une immense croix noire dominait le dôme principal qui recouvrait la Maison Blanche. Elle semblait faire involontairement écho à la souris noire qui trônait sur une structure identique, et qui accueillait les bras ouverts les visiteurs à Disneyland. L'on avait en effet fait appel aux mêmes architectes, spécialisés dans la construction de méga dômes, qui avaient conçu celui du parc de loisir situé à quelques centaines de kilomètres de là. La population restante fut déplacée et hébergée dans les villes environnantes grâce à un immense élan de solidarité de la population. Celle ci, à l'issu d'un vote, décida que le Nebraska abriterait désormais la demeure des présidents du pays. On la rebattit à l'identique mais dans le marbre le plus noir qu'il était possible de trouver. La Maison Blanche devint ainsi la Maison Noire aux sinistres allures de mausolée. L'on décida aussi que c'était désormais la seule couleur que porteraient désormais les serviteurs de l'Etats.

Bref, plus que jamais, la sécurité et le traitement de la délinquance étaient au centre des politiques gouvernementales. Le terroriste et par extension le délinquant étaient devenus la dernière entrave à la prospérité et à la sérénité des états.

J'arrivais à la page de politique étrangère. L'Iran et le Moyen Orient. La communauté internationale tentait en effet de faire respecter le Traité de Non Prolifération des Exo Squelettes par l'Iran suspectée de faire usage de cette technologie à des fins militaires.

En 2153, l'Iran, s'estimant menacée par Israël, avait lancé un missile à tête nucléaire afin de le rayer définitivement de la carte et de ses préoccupations. Israël essaya de faire dévier le missile pour qu'il s'abîme en mer. Mais la manœuvre échoua et le missile vint s'écraser en Jordanie, touchant à la fois une partie de l'Iraq, de l'Arabie Saoudite, de la Syrie et d'Israël. Unis dans la douleur, les cinq pays décidèrent de former un Grand Moyen Orient afin de pacifier durablement la zone et de faire rempart aux tentatives de déstabilisations de l'Iran. Ils n'eurent pas à faire longtemps pression sur la communauté internationale pour obtenir le démantèlement des installations nucléaires iraniennes que l'AIEA, dans sa grande naïveté avait autorisées en 2009.

Dépossédée de la technologie du nucléaire, l'Iran se lança dans le développement de celle des exo squelettes. Très vite, les services de renseignements étrangers découvrirent qu'elle avait décidé de doter tous ses hommes valides d'exo squelettes modifiés afin de constituer une armée dont chaque individu serait un véritable arsenal militaire vivant. Bien évidemment, les dirigeant iraniens tentèrent d'expliquer que ces exo squelettes ne servaient qu'à des activités de BTP ou d'ingénierie mais plus personne n'était dupe. L'histoire semblait se répéter inlassablement. Mais un certains nombre d'états comme l'Union Américaine, la Chine et l'Inde semblaient décidés à ne pas laisser faire les choses une fois de plus. Le traité de Non Prolifération qu'on tentait d'imposer à l'Iran ne leur suffisait plus, ils estimaient que la négociation avait montré ses limites et que seule la dissuasion était efficace. En d'autres termes, ils contestaient eux même le traité et souhaitaient s'équiper à leur tour d'exo squelettes militarisés. Les 43 états membres de l'Union Européenne et le Grand Moyen Orient étaient farouchement opposés à cette remise en cause du traité, ils tentaient de convaincre les autres pays signataires de ne pas céder à la pression sino américaine.

Paradoxalement ces nouvelles avaient un effet positif sur mon moral de même que sur celui du reste de la population. Ce n'était pas par cynisme, la pilule nous avait libéré de l'angoisse de la mort mais une autre angoisse avait pris sa place: celle de l'ennui. En ces temps de désespérante stabilité tout évènement marquant, qu'il fût positif ou négatif était accueilli favorablement.

C'est donc le coeur léger que je partis travailler.

mardi 2 septembre 2008

Mardi 2 septembre 2218

A peine levé je filai me doucher. Aujourd'hui c'était jour de cohésion, chaque entreprise ou administration devait faire en sorte que ses employés partagent une activité de loisir au moins un jour par semaine. Aux employés de décider laquelle. On avait été un certain nombre à vouloir visiter le nouvel Airbus A980, une vraie ville volante, l'équivalent d'un terrain de football, mais nous n'avions pu faire le poids devant le nouveau parc de loisir Disney qui venait d'ouvrir.

Lorsque j'arrivai au bureau, tout le monde était déjà prêt à partir, oreilles de mickey sur la tête et poncho jaune fluo pour ne pas se perdre de vue dans la foule. En dépit de l'insistance de mes collègues pour que j'arbore cette tenue d'un chic achevé je préférai garder mon costume gris. Une fois de plus l'on me reprocha de "casser l'ambiance", ce qui n'empêcha pas mes camarades de passer tout le trajet à chanter en cœur "un jour mon prince viendra" ou "hé ho nous rentrons du boulot" tandis que je tentais désespérément de masquer ces braillement en poussant le volume de mon ipod au maximum. C'est donc déjà presque sourd, abruti par la musique et le trajet, que je me retrouvai devant l'immense coupole de verre au sommet de laquelle trônait une gigantesque souris noire en culotte rouge.

Je ne suis pas fan de l'univers Disney et encore moins des parcs de loisirs dont la principale activité consiste à vous faire vomir nos tripes tout en ayant l'air heureux, mais je ne pus m'empêcher d'être impressionné par le monumental dome de verre recouvrant le parc. En lisant la brochure fournie avec les billets d'entrée j'appris que celui ci était entièrement recouvert de cristaux liquides haute définition permettant de créer un véritable ciel virtuel, changeant au gré du temps et des évènements et que l'on pouvait même, pour la modique somme de quatre vingt euros y affaire apparaître un message personnel.

On avait cru un moment voir la fin des parcs de loisir lorsqu'en 2203 un terrible accident de montagne russe avait causé la mort de d'un millier de personne dont un tiers d'enfants. Un véritable cataclysme pour une société au taux de fécondité presque nul. Ce fut le plus grave accident de tous les temps, du moins en attendant le prochain. Je ne pus m'empêcher de trouver horriblement cynique le slogan qui figurait en lettres holographiques sur le grand panneau surplombant l'entrée du parc " Disneyland Paris, le parc de tous les records". A la suite de l'accident, au nom du principe de précaution, tous les parcs avaient dû fermer, l'humanité ne pouvait risquer de perdre d'autres enfants aussi bêtement. L'on croyait le sort de ces parcs définitivement scellé et la souris noire enfin enterrée, mais à peine treize ans plus tard, on annonça l'ouverture d'un nouveau parc élaboré et construit dans le plus grand secret. A grand renfort de publicité l'on appris que les attractions avaient été entièrement renouvellées et surtout qu'elles avaient été garanties fiable à cent pour cent par l'Office de Sécurité Infantile crée à la suite de l'accident par le gouvernement.

On pénétra dans le parc avec près de dix mille autres personnes, nous avions du mal à détacher nos yeux de la verrière, mais le spectacle qui s'offrait à nous à l'intérieur du dôme était tout aussi étonnant. Il n'y avait plus de montagnes russes, plus de catapultes et autres centrifugeuses humaines mais une multitude de petits domes à l'image de la voute principale, recouverts de cristaux liquides eux aussi, chacun diffusant une lumière et des motifs différents. Pour le coup il m'était impossible de jouer les rabat joie et je ne pus que suivre le groupe en silence, curieux de voir ce qu'il y avait à l'intérieur de ces étranges bulles irisées. Le nom de la première attraction rappelait celui d'une ancienne montagne russe: space dream. En voyant les parois intérieures du dome elles aussi recouvertes de cristaux je me doutais que nous allions disposer d'une vision à 360 degrés ce qui n'était pas vraiment une innovation. La vraie nouveauté résidaient manifestement dans les sièges recouverts de pastilles multicolores. Je m'installai dans l'un deux à l'instar de mes collègues et j'attendis non sans une certaine angoisse.

Lorsque la lumière s'éteignit, que le dôme s'illumina et que je commençai à ressentir d'étranges sensations précisément aux endroits où mon corps, à travers les vêtements, touchait les disques colorés, je compris, trop tard ce qui m'attendait. Le procédé était ingénieux: les disques de métal permettait d'envoyer dans le corps une onde qui, en atteignant l'oreille interne et le cerveau provoquait les mêmes sensations qu'une réelle montagne russe. L'écran à 360 degré achevait de tromper le cerveau en diffusant des images simulant la vitesse pendant qu'une soufflerie nous projetait de l'air sur le visage. L'illusion était parfaite, les sensations étaient réelles. Je pouvais ressentir toutes les sensations: vitesse, rotation, éjection...nausée. Je n'avais qu'une hâte, qu'elles finissent.

Je n'eus pas besoin de recommencer l'expérience pour avoir la certitude que les autres attractions de ce genre ne me plairaient pas davantage et je décidai de ne pas les partager avec mes camarades, préférant me cantonner au rôle de spectateur. Je trouvai celui ci bien plus amusant d'ailleurs. En dépit de l'obscurité je pouvais voir mes collègues roulant des yeux sous l'effet de l'onde, comme des divinités hindoues, levant les bras lorsque l'onde leur faisait croire qu'ils étaient en train de tomber, hurlant, riant. J'avais l'impression d'assister à une transe collective. Le spectacle finit par me lasser, je m'éclipsai pour continuer la visite du parc.

Mon oeil fut attiré par un îlot de verdure semblant dissimuler une sorte d'arène, probablement un de ces bassins aquatiques où de pauvres dauphins étaient obligés de faire mumuse avec des ballons pour avoir le droit de manger un poisson au lieu de leur bouillie de synthèse habituelle. Mais étrangement je n'entendais aucun bruit d'eau, seuls des éclats de lumière irisée filtraient à travers les palmiers en plastique. En arrivant dans les gradins je me retrouvai devant un spectacle holographique comme je n'en avais jamais vu. Des dauphins translucides virevoltaient dans l'air, accomplissant des figures hallucinantes avant de retomber dans une mare de lumière, provoquant des éclaboussures multicolores dont les spectateurs, par réflexe, cherchaient à se protéger. J'étais hypnotisé par ce que je voyais. A un moment, les dauphins virtuels en sautant, se mirent à former une à une les lettres de l'alphabet, très vite ils furent accompagnés par les spectateurs enthousiastes qui criaient au fur et à mesure de leur apparition. Lorsque le spectacle fut terminé je restai encore quelques secondes afin de profiter des derniers éclats lumineux qui étaient restés imprimés sur ma rétine tant ils avaient été flamboyants.

Encore impressionné par ce que j'avais vu je ne savais où aller et je finis par me retrouver dans le secteur des jeux vidéos. Ceux ci s'avérèrent bien décevants par rapport à ce que je venais de voir d'autant qu'une récente loi les avait contraint à limiter leur degré de réalisme afin que les utilisateurs ne fassent pas la confusion avec la réalité. Les lobbies familiaux avaient fini par se faire entendre après qu'un adolescent eut massacré son père à coup de hache parceque celui ci avait menacé de lui confisquer son "Imagination" la dernière console de Sony. Cette même loi imposait en outre que toutes les dix minutes de jeu, celui ci, quel qu'il fût, soit interrompu par l'affichage d'un message de prévention sur les dangers de la violence dans les jeux vidéos, message qui paraissait d'autant plus stupide lorsqu'il apparaissait au milieu d'un jeu de golf.

Au bout d'une heure de jeu et cinq "tuer c'est mal" qui avaient fini par me faire culpabiliser, je commençai à avoir la migraine. Je partis rejoindre mes collègues. Ils avaient réussi l'exploit de faire toutes les simulations de montages russes et ressemblaient aux zombies que je venais d'abattre. Pendant une seconde je m'imaginai en train de leur accorder le même sort avant qu'un "tuer c'est mal" se mette à résonner dans mon esprit. La navette de l'entreprise nous reconduisit à nos domiciles respectifs, l'ambiance durant le trajet fut beaucoup plus calme qu'à l'aller ce qui rendit les montagnes russes virtuelles un peu plus sympathiques à mes yeux.

Sitôt arrivé chez moi je me jetai sur mon canapé, espérant faire passer ma migraine sans l'aide de médicaments. Machinalement j'allumai la télé en prenant soin de désactiver la 3D pour ne pas fatiguer mes yeux davantage. Je fis le tour des chaînes et comme à l'accoutumé j'arrêtai mon choix sur la chaine info. Alors que j'étais en train de m'assoupir je crus entendre qu'on avait encore retrouvé un exo squelette dont l'hôte avait été maintenu artificiellement en vie en dépit de sa mort cérébrale. Selon le journaliste, l'exo squelette avait continué à vivre selon les habitudes du veillards pendant près de six mois avant que l'on se rende compte que quelchose n'allait pas. Je m'endormis avant la fin du reportage et me mis à rêver que des zombies en exosquelettes me poursuivaient, que des dauphins holographiques m'accompagnaient dans ma fuite, émergeant puis replongeant dans le bitume recouvert de pastilles colorées.

lundi 1 septembre 2008

Lundi 1 septembre 2218

Comme d'habitude, à peine levé, j'allume mon pc. Aujourd'hui je ne vais pas travailler c'est ARTT. L'esprit encore embrumé je me dirige dans la cuisine pour changer l'eau du chat et lui donner sa ration de croquettes light.

Les animaux n'ont pas droit à la pilule malheureusement, question de sécurité nationale il parait. Pour nous convaincre, la télé n'a cessé de nous abreuver de docu-fictions dépeignant l'avenir de l'humanité si une espèce animal avait accès à notre pouvoir. Je crois que quasiment tout le règne animal y est passé, des rats en passant par les mouches, les requins ou les serpents. j'ai fait des cauchemars pendant une semaine après celui sur les araignées! De toute façon ce n'était pas possible, impossible de gruger pour prolonger la vie de son youki adoré: la pilule était administrée sous la surveillance d'un médecin agréé par l'Etat. Si mes calculs sont bons j'en suis à mon vingt cinquième chat que j'ai trouvé for judicieux d'appeler Monsieur 25 à l'image de son prédécesseur: Monsieur 24 lui même fils de Monsieur 23... De toute façon les chats ne répondent pas à leur nom alors à quoi bon se creuser la cervelle pour leur trouver un patronyme original!

Ca ne sente pas la rose dans ma cuisine à cause de ma mauvaise manie de ne jeter mes poubelles que lorsqu'il n'était plus possible d'y ajouter ne serait ce qu'un petit pois! "Les poubelles". Le pluriel de l'expression n'a jamais été autant justifié que maintenant: le tri sélectif obligatoire obligeait chaque foyer de disposer d'au moins huit poubelles, une pour le métalique, une pour le plastique, une autre pour l'organique d'origine végétale, une pour l'organique d'origine animale, une pour l'origine d'organque indéfini (si si je vous jure que ça existe, il suffit de faire un tour à la cantine du boulot), un pour l'indéfini non organique, une pour les papiers et cartons et enfin une pour le verre. Très pratique lorsqu'on a une cuisine de trois mètres carrés!

En revenant dans ma chambre, à peine plus réveillé par les odeurs nauséabondes de ma cuisine, je fuis accueilli comme à l'habitude par un flot dansant de bimbos se massant les seins et de professeurs à l'oeil lubrique. Si au moins je recevais du spam gay! Machinalement je me connecte aux différents sites de rencontre auxquels je suis inscrit afin de relever mes messages. je me demande pourquoi je continue de faire ça sachant que de toute façon je ne répondrai pas à ces messages de mecs trichant non seulement sur leur âge réel mais aussi sur leur âge visible ce qui est encore plus stupide. Après avoir répondu par copier coller à la dizaine de " stats? AR AV?" je pars jeter un oeil sur mon blog. Je l'ai un peu négligé ces derniers temps. Je n'ai rien d'interessant à dire de toute façon, après avoir fait part d'une anecdote de bureau pourrie et d'une réflexion pseudo profonde sur mon existence de pérénisant, j'abandonne mon pc, je prends mon e-book chargé des nouvelles du jours sous le bras et je m'enferme dans les toilettes.

Si parmis touts les innovations qui ont révolutionné la société je ne devais en retenir que trois je choisirais la pilule antivieillissement, évidemment, les exo squelettes et les toilettes parlantes. Chaque matin j'entends mes double wc me dire que je n'ai pas assez mangé de légumes la vieille et je ressens un plaisir inéffable en croyant déceler dans la voix de synthèse une pointe d'agacement à répeter toujours la même chose. Il fait extraordinairement beau en ce mois de septembre 22160 Le temps idéal pour assister à une course hippique. Je ne m'étais jamais vraiment intéressé à ce "sport" jusqu'à ce qu'on décide d'équiper les chevaux d'exo squelettes. L'idée avait fait scandale à l'époque et les déenseurs de la cause animale avaient mené une campagne virulente contre ce traitement qu'ils jugeaient cruel. Mais le syndicat des sport hippiques à l'initiative de la chose avait potassé la question afin d'être inattaquables. L'ONU soucieuse de limiter les abus concernant cette technologie, pensant notamment aux applications militaires qui pouvaient en être faites, avait fait voter à la majorité, sans les voix de l'Iran, de l'Union des Etats d'Amérique et de la Russie, une résolution interdisant "l'usage de tout exo ou endo squelette à des fins militaires ou sur des individus dont les capacités fonctionnelles ne sont pas altérées". Les chevaux de courses n'entrant pas dans ce cadre là, la loi ne trouva rien à redire et l'on ne pouvait faire valoir la cruauté de la pratique dans la mesure où cette technologie avait été conçue pour améliorer la qualité de vie de leurs hôtes, personnes âgées ou handicapées.

Je reconnais que les premières courses m'ont mis mal à l'aise. La vision de ces chevaux emprisonnés, pour la vie, dans ces espèce de cages en métal épousant les contours de leurs corps n'était pas très agréable et les cliquetis incessants que leurs courses frénétique renforçait leur apparence de jouets mécaniques. Mais très vite l'on se mit à profiler les exo squelettes, à les recouvrir d'un carénage rutilant non seulement pour les rendre plus attrayant à l'oeil, mais aussi pour améliorer leur aérodynamisme. En peu de temps les courses hippiques avaient fini par voler la vedette à la formule 1. A l'instar de celle ci, les courses hippiques étaient devenues aussi bien un enjeu sportif que technologique. Les exo squelettes étaient connectés à la fois aux chevaux et aux jokeys, les vitesses atteintes étaient considérables mais grâce au système anti collision inspiré de l'automobile, il n'y avait jamais d'accidents. Je ne regrette pas d'avoir dépensé près de soixante quinze euros pour un tel spectacle rêvant qu'un jour l'on verrait des être humains accomplir de tels exploits à la place des chevaux, mais sans jokeys sur le dos évidemment.

J'ai toujours été fasciné par les robots, les exo squelettes, l'intelligence artificielle et toutes ces technologies destinées à remplacer ou à améliorer l'être humain. Malheureusement la société, nourrie par le catastrophisme des romans d'anticipation n'a jamais permis qu'on développe la voie de la robotique, préférant celle des exo squelettes. Elle estimait que de sorte la machine ne risquerait jamais d'échapper à l'homme. Cerains faits divers venaient cependant troubler cette certitude. L'on avait découvert en effet récemment, errant dans les rues, un exosquelette dont l'hôte semblait mort depuis plusieurs jours. En théorie, la machine aurait dû cesser de fonctionner avec la mort cérébrale du vieillard qui l'occupait. Une autopsie biomécanique révéla que la machine était parvenue à maintenir ses fonctions vitales en activité afin de se maintenir elle même en vie. On n'a jamais su vraiment si l'exo squelette avait fait sans se rendre compte de l'acharnement thérapeutique ou si il avait tenté de se maintenir en vie. L'affaire avait excité les représentants des différentes religions en tout cas. Les uns réclamaient la suppression totale des exo squelettes, coupables de retenir l'âme des défunts, les autres au contraire, réclamaient qu'on ne désactive pas l'exo squelette "orphelin", affirmant qu'il contenait l'âme du vieillard. La notion de droit à la survie de l'âme venait de faire son apparition.

dimanche 31 août 2008

Dimanche 31 août 2218

Comme d'habitude, à peine levé, j'allumai mon pc. La journée passa très vite car elle fut constituée essentiellement par le pot de départ organisé pour mon patron.

Lorsque j'arrivai, tout était déjà prêt: les biscuits apéritifs dans les assiettes en cartons, le champagne, les biscuits bon marché. Tout le monde travailla une heure, pour la forme, puis les secrétaires sonnèrent le rappel. Le patron était visiblement ému mais je ne pense pas que ce fut à cause de la petite fête ni même à l'idée de quitter ses fonctions. Il savait que, partant à la retraite, il n'aurait plus droit aux pilules anti vieillissement et redoutait déjà ce qui allait arriver. Selon les tests génétiques, sa mort n'était prévu que dans vingt ans, mais que sont vingt ans dans une vie de presque trois siècles? Et puis surtout il savait que cette estimation ne prenait pas en compte le contre coup brutal de l'arrêt du traitement, que le temps biologique chercherait à retrouver ses droits et qu'en moins de dix ans il serait devenu un vieillard maintenu en vie par son exo squelette.Cela explique sûrement pourquoi, en voyant notre cadeau de départ: un Proteus 400 Deluxe, le plus perfectionné des exo squelettes, avec sonde gastrique intelligente, climatisation et toutes les options que ne couvrait pas la sécurité sociale, il eut du mal à paraître heureux. Puis après les plaisanteries d'usage, tout le monde repartit travailler laissant notre patron en face de son sarcophage en métal.

Lorsque je quittai le bureau; il était à peine quatorze heure. Je m'arrêtai dans une boulangerie et je pris une baguette tradition au quinoa et à la spiruline. En rentrant chez moi je me rendis compte que j'avais oublié d'éteindre la télévision. Je m'étais offert un écran 3D géant pour mon anniversaire. Les images du journal télévisé flottaient devant l'écran, un char semblait chercher à atteindre mon canapé, pendant qu'une sorte de paysan bavarois me tendait une saucisse et que des politiciens en colère avaient l'air de me pointer du doigt...

Les politiciens avaient été les premiers à prendre la pilule, soit disant pour donner l'exemple. Personne n'était dupe, on se doutait bien quelle aubaine pouvait constituer une vie prolongée pour un homme politique. Pour éviter les dérives le gouvernement fit voter une loi limitant le nombre de renouvellement d'un mandat à cinquante . Mais les politiciens trouvaient toujours un moyen de contourner la loi. De fait, la vie politique était devenu extrêmement morne, la durée du mandat présidentiel avait été portée à vingt ans renouvelable deux fois. le paysage politique n'avait pas changé depuis 2018: Sarkozy, Royale, Jospin, Chirac qui, in extremis, était parvenu à faire voter une loi lui permettant d'échapper à la retraite et de se faire attribuer la pilule pour cent ans, juste histoire d'embêter Sarkozy...Seul Le Pen avait refusé de prendre la pilule et anima la vie politique jusqu'en 2020 du haut de son exo squelette. Il avait même fallu réamménager l'assemblée nationale pour permettre à ses cent cinquante kilos de métal et de chair de siéger.

Je m'installai sur mon canapé et regardai les images défiler sous mes yeux. L'Afrique ne cessait pas de mourir: l'ONU avait décidé que le continent africain ne pouvait pas bénéficier de la pilule tant que le taux de population contaminée par le SIDA ne serait pas descendu au dessous des 5%. Il avait été en effet voté que la pilule ne pouvait être délivrée à toute personne atteinte d'une pathologie grave. Les arguments officiels étaient que l'on ne pouvaient pas prolonger une vie rendue difficile par la maladie. En réalité, l'on ne voulait pas augmenter les risques de contaminations en augmentant la vie des contaminants. Dans les pays occidentaux cette mesure permit d'endiguer l'épidémie de VIH, les malades déclarés finirent leur existence "normalement", et l'on s'aperçut que l'organisme des "pérénisants", du fait de leur métabolisme ralenti, arrivait non seulement à contenir le virus mais aussi à développer à des anticorps pour le vaincre. Ce qui manquait au corps humain pour lutter contre le virus ce n'était pas un remède c'était du temps.

Pendant ce temps, l'Afrique, épargnée par la stérilité du monde moderne, autrement dit le seul continent ou les firmes de fast food n'avaient pas pu sévir, continuait sans cesse renouveler et de contaminer sa population. Et pendant que l'Afrique mourrait et renaissait perpétuellement, l'Union Européenne des 43 se demandait s'il était bien raisonnable de s'ouvrir à l'Asie pour être en mesure de rivaliser avec l'Union des Etats d'Amérique.

J'éteignis la télé. Le soleil brillait et, depuis que la couche d'ozone s'était refermée on pouvait sortir sans se couvrir de crême et de vêtements. Personne n'avait pu exactement déterminer pourquoi la couchone d'ozone s'était refermée. Certains pensaient que les mesures prises par les gouvernements des différents pays avaient fini par porter leurs fruits, pour d'autres cela corroborait l'hypothèse que la couche d'ozone faisait un peu ce qu'elle voulait et que l'homme avait été bien présomptueux de croire qu'il avait une influence sur elle. Je troquai mon costard cravatte contre un jean's et un tee shirt et je partis au cinéclub assister à une restrospective de films en 2D. Au programme: l'intégrale "Pirates des Caraïbes". Je ne sais pas si je vais arriver à voir les six d'un coup.

samedi 30 août 2008

Samedi 30 août 2218

J'étais en retard, même si mon patron n'était pas très regardant sur les horaires, conséquence positive du passage aux vingt cinq heures (la démultiplication de la population active avait rendu cette mesure tellement indispensable qu'elle fut votée par la Droite). Je n'habitais qu'à dix minutes à vol d'oiseau de mon lieu de travail mais il m'en fallait plus de trente la plupart du temps. Les voitures étaient devenues incroyablement silencieuses, les limitations de vitesse en ville avaient été portées à trois cents kilomètres heure, conséquence négative de la croissance et du besoin de perdre le minimum de temps en déplacement. De fait, la vie du piéton étaient devenue autrement plus compliquée et dangereuse. Sans compter aussi les risques de vol à l'arrachée par un vieux en exo squelette. Le terme de vol à l'arrachée n'était pas dû à la méthode de vol elle même mais au fait que par sa puissance, de l'exo squelette, les trois quarts du temps, arrachait le bras en même temps que le sac à main ou l'attaché case. Bien sûr l'on faisait maintenant des prothèses très performantes mais elles étaient hors de prix, la sécurité sociale ne remboursant que sur la base de la modèle premier prix, à savoir l'équivalent d'une fourchette soudée à une tige en fer!

Franchement je n'avais pas besoin d'un nouveau crédit sur 150 ans! j'étais déjà astreint à deux siècles de mensualités pour payer l'achat de mon studio. Dix millions d'euros pour un deux pièces c'est pas donné, surtout pour un appart situé dans un quartier à risques, celui des personnes agées, des "éphémères" comme on les appelle maintenant. Il faut dire que je n'avais pas vraiment le choix, c'était ça ou continuer de payer un loyer exorbitant, en admettant que j'eusse pu trouver un logement dont le propriétaire ne me demandait pas de gagner dix fois le montant du loyer! J'avais attendu pendant près d'un demi siècle l'éclatement de la bulle spéculative qui sévit des grandes villes, elle n'a toujours pas eu lieu si bien que je n'ai finalement pas fait une si mauvaise affaire.

Donc après avoir attendu un quart d'heure devant les passages cloutés, après avoir fait un détour pour éviter un exo squelette qui me paraissait menaçant, on les reconnait assez aisément par ailleurs: ils n'ont pas de bacs à géranium ni de napperons sur les avants bras, j'arrive à mon travail. Très vite j'expédie ce que j'ai à faire, c'est encore la fin de l'été, les gens ne sont pas encore rentré de leurs sacro saintes vacances du "15 juillet-15 septembre". Comme mon patron n'est pas là je passe le temps sur le net. Mon moniteur 85 pouces date de 2201 il n'est évidement pas 3D et, étant toujours sous windows XP (c'est ça l'Administration), il m'est impossible de chatter à cause du sempiternel "si vous n'avez pas la 3D ce n'est même pas la peine de me contacter, pour les plus de 150 ans c'est pareil, pour les autres n'hésitez pas, je ne mords pas! ". Quelle hypocrisie, la plupart des pd prennent la "pilule" dès leurs vingt ans si bien qu'il est désormais rigoureusement impossible de deviner l'âge réel de son interlocuteur. De toute façon à cinquante euros le message ils peuvent se le garder leur chat.

La journée va être longue je le sens, même si elle ne va faire que cinq heures. Tout ça pour rentrer chez soi ensuite et comater devant la cent cinquantième édition de la Star Ac'. Enfin celle là promet d'être différente: au nom de la diversité culturelle ils ont accepté de prendre un "éphémère" et son exo-squelette. Avec un peu de chance la machine va se détraquer et arracher quelques têtes....

vendredi 29 août 2008

Vendredi 29 août 2218

Comme d'habitude, à peine levé, j'allume mon pc. Aussitôt je me retrouve entouré par des dizaines de femmes nues se massant les seins et des professeurs à l'aspect douteux me vantant une énième méthode pour agrandir mon pénis. Les moniteurs qui émettent des images en trois dimensions c'est génial sauf pour le spam.

Je me douche, je m'habille en vitesse, je dois aller travailler. J'ai 236 ans mais j'en parais deux cents de moins grâce à ces pilules mises au point par le gouvernement pour lutter contre le vieillissement de la population et le nombre croissant de retraités. La mesure avait fait scandale mais comme toutes les autres elle avait fini par être acceptée par la société.

Pour sauver l'Etat de la faillite il fallait qu'on travaille plus longtemps. Mais l'on ne pouvait pas indifiniment repousser l'âge de la retraite, surtout depuis la manifestation anti CDE (contrat dernière embauche) qui avait fait descendre dans la rue les millions de travailleurs de plus 80 ans. Ne pouvant donc repousser l'âge de la retraite indéfiniment, l'Etat décida de repousser l'âge de la mort. Très vite cette idée se développa partout dans le monde sauf en Chine où une option quelque peu opposée avait été choisie: l'élimination systématique des plus de 70 ans.

L'idée était simple mais efficace: pour ceux qui souhaitaient bénéficier de la mesure, les pilules permettaient de ralentir le vieillissement par trois et d'augmenter l'espérance de vie d'autant; en contrepartie il fallait continuer d'exercer une expérience professionnelle jusqu'au moins 20 ans avant sa mort (la date de celle ci ayant été établie grâce à une analyse génétique). Comment en étions nous arrivé là? Depuis trois siècles on avait constaté le vieillissement de la population, mais le taux de natalité relativement stable avait permis de maintenir la situation tant bien que mal, faisant le jeu de l'opposition qui mettait systématiquement la responsabilité du marasme économique sur le dos du gouvernement en place

Tout bascula avec le scandale du Big Mac contaminé: Michael Moor avait découvert que, sur le long terme, ceux ci provoquaient la stérilité de leurs consommateurs, à savoir 99% de la population. Bien sûr les dirigeants de la firme arguaient que cette stérilité était due à l'obésité et aux mauvaises habitudes alimentaires des gens. Mais une enquête approfondie révéla que les steacks hachés étaient issus de bêtes génétiquement modifiées pour que les parties non exploitables soient réduites au maximum, tout le monde se souvient de ce reportage effrayant où l'on voit Michael Moor forcer l'entrée d'une "ferme" de la firme de fast food et montrer des boeufs de plus de 3 tonnes mais avec une gueule pas plus grande que celle d'un poulet et des pattes réduites à leur plus simple expression. Les bêtes étaient devenues stériles, n'étant plus reproduites que par clonage (les animaux n'étaient forcément plus aptes à une reproduction naturelle) . Les scientifiques estimèrent que cinq siècles seraient au moins nécessaires pour que l'humanité retrouve sa fécondité. En attendant la pilule de longévité constituait le seul moyen de ne pas faire sombrer l'Economie.

Très vite, l'égoisme de l'homme aidant, la population s'habitua à ce nouveau rythme de vie et le principe du "marié trois enfants" fut très vite remplacé par celui du "marié trois cent ans".

Il subsistait néanmoins un certains nombre de personnes qui ne souhaitaient pas vivre plus que "leur temps". Pour que leurs conditions de vie ne s'en trouvent pas trop dégradées les gouvernements avaient décidé de mettre à leur disposition, gratuitement, grâce à la croissance apportée par les "pérénisants" (nom donnés à ceux qui prenaient la pilule de longévité), des exo-squelettes. Reliés directement à leur cerveaux et à leurs systèmes vitaux ces sarcophages high tech répondaient à tous leurs besoins. Leur offrant une mobilité et des capacités que les "pérénisants" eux même n'avaient pas. Conséquence inattendue de cette technologie: le développement d'une délinquance du troisième âge qui, face à la précarité, se livrait à toutes sortes d'exactions, allant du braquage de banque, aux dégradations en tout genre. L'on brida les générations suivantes d'exo-squelettes mais les vieux trouvaient toujours le moyen de les débrider. La preuve que la sagesse n'est pas une conséquence de l'âge mais une obligation induite par la perte de capacités.