vendredi 29 août 2008

Vendredi 29 août 2218

Comme d'habitude, à peine levé, j'allume mon pc. Aussitôt je me retrouve entouré par des dizaines de femmes nues se massant les seins et des professeurs à l'aspect douteux me vantant une énième méthode pour agrandir mon pénis. Les moniteurs qui émettent des images en trois dimensions c'est génial sauf pour le spam.

Je me douche, je m'habille en vitesse, je dois aller travailler. J'ai 236 ans mais j'en parais deux cents de moins grâce à ces pilules mises au point par le gouvernement pour lutter contre le vieillissement de la population et le nombre croissant de retraités. La mesure avait fait scandale mais comme toutes les autres elle avait fini par être acceptée par la société.

Pour sauver l'Etat de la faillite il fallait qu'on travaille plus longtemps. Mais l'on ne pouvait pas indifiniment repousser l'âge de la retraite, surtout depuis la manifestation anti CDE (contrat dernière embauche) qui avait fait descendre dans la rue les millions de travailleurs de plus 80 ans. Ne pouvant donc repousser l'âge de la retraite indéfiniment, l'Etat décida de repousser l'âge de la mort. Très vite cette idée se développa partout dans le monde sauf en Chine où une option quelque peu opposée avait été choisie: l'élimination systématique des plus de 70 ans.

L'idée était simple mais efficace: pour ceux qui souhaitaient bénéficier de la mesure, les pilules permettaient de ralentir le vieillissement par trois et d'augmenter l'espérance de vie d'autant; en contrepartie il fallait continuer d'exercer une expérience professionnelle jusqu'au moins 20 ans avant sa mort (la date de celle ci ayant été établie grâce à une analyse génétique). Comment en étions nous arrivé là? Depuis trois siècles on avait constaté le vieillissement de la population, mais le taux de natalité relativement stable avait permis de maintenir la situation tant bien que mal, faisant le jeu de l'opposition qui mettait systématiquement la responsabilité du marasme économique sur le dos du gouvernement en place

Tout bascula avec le scandale du Big Mac contaminé: Michael Moor avait découvert que, sur le long terme, ceux ci provoquaient la stérilité de leurs consommateurs, à savoir 99% de la population. Bien sûr les dirigeants de la firme arguaient que cette stérilité était due à l'obésité et aux mauvaises habitudes alimentaires des gens. Mais une enquête approfondie révéla que les steacks hachés étaient issus de bêtes génétiquement modifiées pour que les parties non exploitables soient réduites au maximum, tout le monde se souvient de ce reportage effrayant où l'on voit Michael Moor forcer l'entrée d'une "ferme" de la firme de fast food et montrer des boeufs de plus de 3 tonnes mais avec une gueule pas plus grande que celle d'un poulet et des pattes réduites à leur plus simple expression. Les bêtes étaient devenues stériles, n'étant plus reproduites que par clonage (les animaux n'étaient forcément plus aptes à une reproduction naturelle) . Les scientifiques estimèrent que cinq siècles seraient au moins nécessaires pour que l'humanité retrouve sa fécondité. En attendant la pilule de longévité constituait le seul moyen de ne pas faire sombrer l'Economie.

Très vite, l'égoisme de l'homme aidant, la population s'habitua à ce nouveau rythme de vie et le principe du "marié trois enfants" fut très vite remplacé par celui du "marié trois cent ans".

Il subsistait néanmoins un certains nombre de personnes qui ne souhaitaient pas vivre plus que "leur temps". Pour que leurs conditions de vie ne s'en trouvent pas trop dégradées les gouvernements avaient décidé de mettre à leur disposition, gratuitement, grâce à la croissance apportée par les "pérénisants" (nom donnés à ceux qui prenaient la pilule de longévité), des exo-squelettes. Reliés directement à leur cerveaux et à leurs systèmes vitaux ces sarcophages high tech répondaient à tous leurs besoins. Leur offrant une mobilité et des capacités que les "pérénisants" eux même n'avaient pas. Conséquence inattendue de cette technologie: le développement d'une délinquance du troisième âge qui, face à la précarité, se livrait à toutes sortes d'exactions, allant du braquage de banque, aux dégradations en tout genre. L'on brida les générations suivantes d'exo-squelettes mais les vieux trouvaient toujours le moyen de les débrider. La preuve que la sagesse n'est pas une conséquence de l'âge mais une obligation induite par la perte de capacités.

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